Photos
Philippe Warnier, tous droits réservés.
Feria
d'Aire sur Adour : le 17 juin 2012
6 toros de Pagès-Mailhan (vuelta au 3ème)
El Fundi (silence, oreille)
Guillermo Alban (silence, silence)
Manuel Escribano (deux oreilles, salut)
Petite moitié d'arènes
A
l'époque des pionniers de la télévision, le présentateur du JT commençait
le journal du soir en saluant "Monsieur le téléspectateur ". Comme
j'ai eu le plaisir d'avoir comme voisin un lecteur assidu des Chroniques
du Moun (ouf il y a au moins un), je lui brinde cet article.
Les
arènes d'Aire sur Adour sont au fond du gouffre et ce n'est pas la
corrida de ce dimanche qui les en sortira.
La faute en premier lieu à un lot de toros très mal présenté (bien
loin des poids fantaisistes affichés) constituant une grosse novillada
.
Tous les camarguais sont sortis avec des cornes éclatées qui ont créé
la suspicion dans l'esprit des aficionados présents et ont fait jaser
dans la blogosphère taurine. Après le lot de Saint Martin de Crau,
un doute commence à peser sur la "solidité" des armures des pensionnaires
de cet élevage, et les bagarres de débarquement n'expliquent pas tout.
Quant au moral, nous avons vu défilé un lot de toros sans race, sans
caste avec parfois un soupçon de noblesse naïve. Les ganaderos doivent
se remettre en question quitte à revenir en novillada et ne remonter
à l'échelon supérieur qu'après avoir fait un vrai travail de sélection.
L'autre
fil rouge de cette après-midi a été la piètre qualité des tercios
de piques (absence de mise en suerte , piques trasera , j'en passe
et des pas meilleures)
El
Fundi est ovationné après le paseo . Il hérite en premier lot d'un
manso qui se réfugie dès le premier tercio dans les tablas .Avec beaucoup
de professionnalisme, le futur retraité essaie de garder le toro au
centre de la piste, c'est peine perdue .Dans les tablas, il lui sert
une faena très technique, montrant qu'en se croisant même un manso
décasté peut passer. Comme la majorité du public reste insensible
à ce travail, El Fundi termine par des séries plus trémendistes pour
forcer le succès. Hélas la mise à mort est laborieuse et interdit
toute récompense.
Le quatrième est un petit toro ou un gros novillo. Sa faiblesse naturelle
est accentuée par deux piques assassines. Le torero va une nouvelle
fois faire montre de technique. A chaque passe, on voit la jambe s'avancer
dans le terrain de l'animal .Et miracle, le toro tient debout et finit
par passer. Une estocade caîda n'empêche pas l'octroi d'une oreille
amplement méritée. C'est probablement la dernière fois que je vois
toréer El Fundi, Gracias Maestro pour tous les souvenirs que vous
avez gravés dans ma mémoire (des Valverde d'Alès aux Miuras d'Arles)
Guillermo
Alban erre en piste sans trouver la distance ou le bon terrain. Ses
deux faenas sont sans intérêt. Ses deux adversaires par manque de
caste ou parce qu'ils ne reçoivent pas une passe digne de ce nom,
vont à menos. Les deux mises à mort sont lamentables. Heureusement
qu'El Chano a posé deux superbes paires de banderilles au cinquième.
Manuel Escribano est un bon capéador et un banderillero brillant.
Pour le reste c'est un torero truqueur, muletero limité, abusant du
pico .Comme il communique bien avec le public, il arrive à couper
deux oreilles de pueblo face à son premier adversaire invalide (et
le tercio de piques n'a fait qu'aggraver les choses) .Le toro a un
fond de noblesse idiote, il suit la muleta comme un gentil toutou
et permet à Escribano de nous faire un numéro à la Padilla. Le bon
public marche, obtient deux appendices pour le bipède et une vuelta
ridicule pour le quadrupède (quelle honte pour le ganadero).
Le
dernier est le plus sérieux du lot. Comme le premier il se réfugie
dans les tablas, de ce fait le numéro marche moins bien (ou bien est-ce
la comparaison avec El Fundi), L'estocade est mal placée et moins
rapide qu'au troisième, Escribano doit se contenter de saluer au centre.
Donc
une fois de plus à Aire une tarde qui ne restera pas dans les annales.
Le public est apathique, ne réagit même plus face à l'intolérable
(la présentation des bichos) et se laisse séduire par le toréo de
pacotille.
Escribano est à Padilla ce qu'un produit de marque distributeur est
à un produit de marque. Il est moins cher et avec beaucoup de sel
on ne voit pas la différence, il reviendra donc à Aire.
El Fundi lui ne reviendra plus, nous laissant seul avec notre spleen………
Quant au public reviendra-t-il ?
Thierry
Mettre
un système de commentaires sur son site