L'ART ROMAN EN ARAGON

Oui je sais, ça fait super sérieux comme titre!
En fait on a surtout pris un pied extra à se balader, à visiter, à manger espagnol, à parler espagnol, enfin, surtout à écouter de l'espagnol!

Pourtant au début, y'a eu bug: j'ai demandé au chauffeur par où il passait pour aller à Oloron, il m'a dit par Pau... On s'est tapé tous les bleds de l'Adour, Cazères sur Adour, Grenade sur Adour, Roquepouy sur Adour, Aire sur Adour. Après on a pris l'autoroute déserte, mais comme il respectait la vitesse on n'a rien gagné, puis on est sorti je ne sais où, et on a mis un temps infini à rejoindre la route de Jurançon qui nous aligne sur le Somport... A Oloron il faut faire tout le tour de la ville, et enfin on a fait la pause café. Si nous étions passés par Orthez, nous aurions gagné facilement une demie-heure. Et OUI la route d'Orthez est belle est praticable, même en autobus. En plus on ne passe dans aucun centre important: ni St Sever, ni Hagetmau, ni Navarrenx, ni Sault de Navailles... Bref...

Puis on a roulé, roulé, roulé... On a pris le tunnel du Somport, celui que j'avais dit que je ne prendrais jamais car j'étais contre sa construction. Huit kilomètres sous la montagne, sous un éclairage bizarre à respirer un air pollué.
On a traversé Jaca, qui me paraissait être une grande ville quand j'étais petite, et qui n'est au fond qu'une grosse bourgade où les gamins ont l'air heureux de vivre, de jouer au ballon dans les rues, de pédaler en bandes, et de courir dans la prairie autour de la citadelle.


Les chapiteaux du monastère sont décorées de scènes bibliques:
ici Adam, chassé du Paradis, se plaque une feuille de vigne à l'endroit adéquat...

San Juan de la Peña, son monastère vieux. Installé à flanc de montagne, face à une vue à couper le souffle. On peut se demander quelle idée bizarre est passée dans la tête des moines qui ont décidé de construire un monastère sous une grosse pierre ayant tendance à s'effriter. En fait le lieu était sûrement connu dès la préhistoire, et comme une source coule là, il devait certainement y avoir des dévotions à la nature, et on sait que les catholiques ont souvent installé leurs églises et lieux saints dans des endroits déjà "habités" (récupérer ou rebaptiser ce qu'on veut changer, cela ne date pas d'aujourd'hui)

Une énergique guide qui parlait un espagnol fort compréhensible nous a fait visiter les secrets du monastère. Ses dortoirs, ses chapelles, ses tombes, son cloître.

En sortant il devait être 15h et franchement nous avions faim!!! Le bus a continué de monter pour aller à l'endroit où les moines ont construit le nouveau monastère. Un grand plateau herbeux, planté de pins et de tables de pique-nique nous attendait, ainsi que de nombreux espagnols venus là pour manger, se balader (une randonnée de 2h est possible sur le plateau), ou s'allonger dans l'herbe, lire, regarder jouer les enfants.
Nous on n'a pas traîné pour se jeter sur nos victuailles! Puis on a visité le monastère transformé en musée. Très impressionnant d'avoir entièrement mis hors d'eau les fouilles, et d'avoir installé en situation des statues de moines en contrebas ou à hauteur pour celles dans les écuries, boulangeries, etc...
Je me demandais pourquoi les occulus étaient tous remplacés par de l'albâtre. C'est pas terriblement esthétique. Je me suis dit qu'ils avaient pété les vitraux originels, mais ils auraient peut-être pu en copier d'autres de la même époque...

Nous sommes redescendus par la route en lacets (oui on monte on monte, mais il faut toujours redescendre) et là, franchement, je me suis demandé ce qui m'avait pris de m'installer devant, juste derrière le chauffeur... J'ai fermé les yeux.

Le petit village en bas s'appelait Santa Cruz de la Seros, les maisons étaient très jolies, avec des cheminées rondes très esthétiques. On a visité l'église romane. Sur la place une fontaine et de l'ombre donnaient envie d'y rester en vacances.


Le bidet en grande discution avec la cuvette des wc...
Il faudrait faire une compil des salles de bains d'hôtel espagnols...

A Jaca nous avons pris possession de nos chambres sur les six étages de l'hôtel Mur. Balade dans la vieille ville, mais hélas, pas la tournée des boutiques, avec un ado garçon c'est fortement déconseillé! Par contre la pause au bar fut la bienvenue. L'air était chargé de pollens et d'électricité, l'orage montait. On a testé notre espagnol en commandant à boire et en cherchant des rosegones. On s'est approché de la citadelle, mais l'air était vraiment trop électrique, et on a fini par faire un scrabble à l'hôtel.
Le repas du soir fut simple, mais bon. J'étais hs, je me suis dit que je n'entendrais pas les bruits de dehors en laissant la fenêtre entrouverte (il faisait chaud) car elle donnait sur une petite rue où étaient rangées les poubelles. Effectivement je me suis, comme à mon habitude, endormie tout de suite, et je n'ai rien entendu. L'ado par contre, m'a dit le lendemain que toute la rue était allé vider sa poubelle, et que lui avait bien profité du bruit.... ah bon?

On avait dit "petit déjeuner à 8h, départ à 9h". Je voyage avec des gens qui ont bouffé une pendule: nous sommes arrivés à 8h07 dans la salle de restau, et nous étions les derniers... Tous dans le bus à 8h45, et départ effectif à 9h. Cette fois au moins, on ne sera pas en retard.
Le temps était gris, mais faisait en s'améliorant. Une dame avait prévu "des polycopiés" avec des chansons espagnoles pour nous animer un petit peu. J'en ai profité pour expliquer ce qu'était des polycopiés à mon fils qui m'a dit "les vieux profs le disent aussi, on fait plus attention, on croyait que c'était un terme ancien pour dire photocopie".
Clavelitos se taille toujours un bon succès, surtout le refrain, comme aux arènes: on ne connaît que ça! Vino griego aussi n'est pas mal pour l'ambiance!

A force de rouler dans la plaine aragonaise, nous avons fini par grimper sur une hauteur, et le château de Loarre est apparu, dans toute sa beauté sauvage. C'est le plus bel exemple d'art roman dans cet état de conservation: château + église + donjons + fortifications.
On nous a installé pour nous projeter un film qui nous a expliqué les différentes étapes de la construction. La voix du commentateur était agréable à écouter, les images et animations intéressantes, mais le texte partait parfois dans un coté un peu trop emphatique, tellement que je ne suis pas sûre que certaines phrases avait un sens. Pas grave, maintenant il nous tardait de voir en vrai!!!

 

Quand on est dedans ce n'est pas si immense que ça! C'est un petit château qui a été construit pour une vingtaine de soldats, puis après pour des moines, puis après re-soldats. La guide était charmante et sympathique, elle parlait un français sans accent, mais avec quelques petites erreurs délicieuses. Mais la plupart du temps elle nous a parlé en espagnol, ne nous traduisant que les termes techniques (voûte en berceau, meurtrière...). Nous étions en voyage linguistique, ne l'oublions pas!

J'ai appris un mot à cette occasion: les meurtrières s'appellent "ventanas saeteras" parce qu'autrefois les flèches s'appelaient "saetas". Moi je croyais que "saetas" c'était un terme de chant flamenco. Mais en fait ça s'appelle comme ça parce que c'est très aigu. Tout se tient.
On a appris aussi l'origine du terme que les espagnols emploient tout autant que nous disons "merde": "me cago en..." (après vous mettez ce que vous voulez: en diez (pas en dios), en tus padres, en la leche...) En fait ça vient du fait que les espagnols balançaient non pas de l'huile bouillante sur leurs assaillants, mais leurs excréments. La guerre bactériologique est plus ancienne qu'on ne pense.
La guide nous a expliqué tout le système défensif qui permettait à une poignée de soldats de résister aux arabes, mais je n'ai pas le droit d'en parler, comme tous ceux qui ont visité le château: le silence est de rigueur.
Mais c'est super ingénieux!!! D'ailleurs le château n'a jamais été pris, d'où cet état de conservation exceptionnel.
Il parait qu'on le voit très bien dans le film "Kingdom of Heaven" tourné en 2004.
Je n'ai pas appris que la couleur "isabelle" était due à la Reine Isabelle de Castille qui ne laverait sa chemise que quand Grenade serait prise: je le savais déjà. On a reparlé des fenêtres en albâtre: c'était comme ça dès la construction du château. Bien entendu on change l'albâtre tous les 80 ans environ, car avec la pluie il a tendance à s'opacifier, mais à l'époque c'était moins cher que le verre, ça laisse passer la lumière et pas les regards.

Nous avons quitté le château à regret, je suis sûre qu'il y avait encore de belles photos à faire, mais bon, on nous attendait au restau!
Ayerbe, petit village, et son "callejon de Belchite". Tapez le nom du restau dans un moteur de recherche, ou dans youtube, et vous verrez le cuisto faire des escargots à la braise. Sur la vidéo on ne voit pas son pantalon. Mais nous on a vu. Je n'ai jamais vu de ma vie un imprimé si étrange. Les uns ont dit que c'était juste qu'il était sorti hier soir et n'avait pas eu le temps de se changer, d'autres qu'un cirque avait du passer en ville et le clown était tombé d'une roulotte...
Non je ne l'ai pas pris en photo, il aurait pu mal le prendre! En plus nous y allions pour la cuisine, par pour autre chose. Et nous n'avons pas été déçus!!!
Les piquillos étaient délicieux, tout comme les chuletas! N'ayant pas aimé le dessert, je ne suis même pas sortie de là avec cette impression d'avoir trop mangé (comme quand on va au Fuelle à Zaragoza)

Au retour vers Jaca nous avons pris un autre chemin, enfin je dis chemin, les espagnols ont bien fait de refaire toutes leurs routes avant la crise, et nous sommes passés devant les Mallos du village de Riglos. Très beau, très impressionnant. Et puis on a roulé, roulé, roulé... On a fait la halte obligatoire peu avant le tunnel du Somport. Puis la descente de la vallée d'Aspe, Oloron, non toujours pas la direction d'Orthez, mais celle de Pau... Puis à Pau, bizarrement on a obliqué sur Sault-de-Navailles, et hop, Hagetmau, St Sever, maison!

J'ai compris pourquoi avec le Cercle Taurin de Roquefort on part toujours à 5h du matin: on roule la nuit, on sommeille, et au final on n'est pas plus crevé... Mais bon je n'aime pas me lever tôt!

 

texte et photos isa du moun, tous droits réservés.


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