Un
vaillant et deux sénateurs
Arènes
de Bayonne : Corrida du 02 septembre 2012
6 toros de Joselito (El Tajo y la Reina)
El Juli (une oreille, deux oreilles)
Miguel Angel Perrera (salut au tiers, applaudissements)
Sergio Flores qui prenait l’alternative (deux oreilles, salut au tiers)
9/10 ème d’arènes
Il
y a un vieil adage taurin qui se vérifie hélas très souvent : « corrida
de expectacion, corrida de decepcion ». (Corrida
très attendue, corrida décevante: traduction de la webmaster)
L’an dernier les toros de l’ancien torero avaient allié
présentation et caste et cette corrida bayonnaise avait constitué
un sommet de la temporada française. Cette année bien présentés les
pupilles de Joselito (à l’exception de l’excellent premier ) ont manqué
de cette force qui crée l’émotion en piste et sur les gradins .Il
n’y pas eu de tercios de piques dignes de ce nom et la quasi-totalité
des faenas sont allées rapidement à menos.
Le
premier, le moins charpenté du lot, gacho, échoit au jeune mexicain
Sergio Florès qui prend ce jour son alternative. Le toro derotte à
la fin de chaque série de passes. La première pique est poussée mais
donnée dans le terrain du toril suite à une charge inopinée, la seconde
est bien tenue par le piquero de service. Un joli quite à la cape
précède un bon tercio de banderilles. Après la cérémonie d’adoubement,
le jeune torero commence sa faena par des passes à la manière de Perrera.
Le toro est noble et vient de loin. Le joven déborde d’enthousiasme
et porté par le public, il construit une faena allègre, fleurie et
surtout sincère allant jusqu’à se faire accrocher. Il souffle à cet
instant un vent d’insouciance et de juvénile intrépidité qui fait
du bien aux vieux aficionados blasés que nous sommes. Une estocade
engagée, un peu en avant et d’effet spectaculaire permet à Sergio
Florès de couper les deux premiers trophées de sa carrière de matador.
On peut discuter sur l’opportunité de la seconde, mais il faut savoir
récompenser la sincérité et l’envie de toréer. L’arrastre du toro
est applaudie. Le jeune impétrant sera moins bien servi avec son second
adversaire. Celui est faible, boiteux et s’éteint très rapidement.
Le toro se défend sur place, le torero insiste trop et le public s’ennuie.
Après un pinchazo et une entière une nouvelle fois en avant, le jeune
torero salue au tiers. Le toro est sifflé à l’arrastre.
La
présence de Julian Lopez « El Juli » a probablement contribué au remplissage
des arènes. Le leader du G10 a encore un peu de crédit auprès du public
« côtier » de Bayonne. Public qui se laisse encore berner par ses
trucages et astuces. Ce garçon est exaspérant, c’est aujourd’hui le
meilleur technicien , il l’a montré face à son premier adversaire.
Le toro n’avait qu’un seul objectif, se réfugier dans le terrain des
tablas. Le torero se croise et avec technique et fermeté le maintient
au centre. Dès que le toro baisse trop de ton, El Juli retourne à
ses petites manies habituelles : toreo décroisé et tape à l’œil.
Le pire moment est le trucage désormais systématique de l’estocade.
Le Julipié, négation des principes de sincérité et de courage, lui
permet de placer sans prendre aucun risque, une épée rapide d’effet.
En fait l’emplacement permet une hémorragie pulmonaire interne et
une mort rapide qui plaît au public. Une oreille, non justifiée,
est accordé par le président, il est vrai que nombre de présidents
qui ont voulu résister aux fans du Juli se sont vus descendus de leur
perchoir par des empresas aux ordres du leader des figuras.
Le pire est hélas à venir. Bien présenté, le quatrième est peu et
mal piqué. Il est de cette noblesse imbécile qui sied aux pseudo toreros
du G10. La faena suit un schéma trop souvent vu ; Fuera de cacho,
le torero égrène des passes sur le passage qui portent plus sur le
public que sur l’animal. Le toro va à menos, la faena vire au numéro
de porfia.
Comme d’habitude, elle est conclue par un hideux Julipié. Deux oreilles
« serviles » tombent sans vraie pétition ; Il est vrai qu’il est de
mauvais ton de laisser un jeune torero devancer au palmarès, le leader
du syndicat des toreros fossoyeurs de la corrida.
Vuelta fêtée par un public peu cultivé tauromachiquement parlant,
je tourne le dos à ce qui est un simulacre de corrida.
Perrera
a touché le plus mauvais lot. Il a essayé d’imposer à des toros immobiles,
un torero ojédesque basé sur l’immobilité. Une partie du public a
réagi avec à propos à ces pseudos faenas plus proche des numéros de
Don Tancrède que de la tauromachie sincère. Deux débâcles à l’épée
(pinchazos, atravesada et consorts) refroidissent l’ambiance. Le gentil
public bayonnais applaudit toutefois, « vous comprenez ce n’est pas
de sa faute si le toro est mauvais ».Les arrastres de ses deux adversaires
sont sifflées .
El
Juli sort des arènes en triomphe avec Sergio Florès. Si pour ce dernier,
cet honneur est mérité, pour le premier c’est le fruit d’une maladie
dont commence à se guérir le public landais, mais qui « infecte »
encore les gradins basques : la figurose, version EJJYC (El Juli Julipié
y consort). Le seul traitement est, on le sait une dose massive d’Escolar
Gil combinée à une injection de Robleño. La future empresa
bayonnaise saura-t- elle faire preuve de lucidité ou bien continuera
–t-elle le traitement à base de figuras qui a commencé à vider les
gradins de nos arènes et les comptes en banque des organisateurs?
Une
seule chose à retenir de cette course est l’enthousiasme et la sincérité
de Sergio Florès, les sénateurs du G10 devraient en prendre de la
graine, on peut toujours rêver ………..
Je
boude les figuras à Dax, prochain rendez vous au Houga .
Juste
un petit mot personnel, je souhaite brinder cette chronique à une
de mes tantes qui nous a quitté cette semaine . Elle a été pendant
des années la cantinière le jour des corridas et courses camarguaises
nîmoises d’un groupe de cousins, oncles et neveux et parfois de jeunes
professionnels taurins dont elle écoutait avec sourire et bienveillance
les interminables discussions taurines.
Thierry
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