LUIS SEPULVEDA & DANIEL MORDZINSKI A LA MÉDIATHÈQUE DE BENQUET


Médiathèque Benquet par Chroniques-du-Moun

La foule des grands jours était venue à Benquet. Pas vraiment une surprise, car tout le monde voulait voir le plus traduits des auteurs sud-américains . Une fois qu'on a eu rajouté des chaises, et que les gens n'en ayant pas se furent alignés le long des murs, la séance commença.

Tout d'abord les discours des élus: l'adjoint au maire, ce dernier n'ayant pu venir, Madame la Présidente de la communauté d'Agglo du Marsan, et Renaud Lahitète, qui représentait le Conseil Général qui organisait l'événement.
Puis le présentateur a brièvement raconté la vie de Luis Sepulveda, et celui-ci a enfin eu droit de s'exprimer. Environ 1/2 heure après le début des palabres.

Il a dit que cette biographie était correcte. Surtout par rapport à celle de Wikipédia, où il avait lu des choses vraiment étranges, par exemple qu'il était né en 1919 à Ovaldé, et que sa mère était à Santiago le jour de sa naissance, pourtant il est bien sûr que sa mère était là le jour de sa naissance... Il avait fini par corriger lui même le texte de Wikipedia.
Il parlait en espagnol, et ensuite s'arrêtait, tandis que la traductrice faisait son job. Et comme il est très drôle, ceux qui comprenaient riaient à la version originale, tandis que les autres riaient en décalé.

Il nous a conté des histoires, ainsi que son "socio" comme il ne nomme dans son livre "Dernières nouvelles du Sud". Ce dernier, le photographe Daniel Mordzinski, a également beaucoup d'humour. Lui s'exprimait en français avec un délicieux accent argentin.

Luis Sepulveda étant chilien, il nous a demandé si on connaissait la différence entre un chilien et un argentin:
Un argentin, quand sa femme ou petite amie le quitte, il déprime, va voir le psy pendant six mois, et finalement découvre que tout ça est la faute de son père.
Un chilien, quand sa femme ou petite amie le quitte, il va chez le boucher, il achète 20 kg de viande, et il invite tous ses amis à manger de la grillade. Et la vie continue.
Et là, Daniel Mordzinski malin, ajoute: "oui mais la femme qui a quitté le chilien, elle est partie avec un argentin"

Daniel nous a également raconté le jour où son fils a passé le bac de français. A l'oral il tombe sur le seul texte qu'il n'a pas étudié. Il est embêté. Puis il entend que celui qui est en train de passer, a le même texte que lui. Alors il est appelé, et le prof lui demande si ça ne l'embête pas qu'on lui change le texte. Il dit "non". On lui donne un texte de Luis Sepulveda. Il hallucine, et demande "vous êtes sûrs que vous voulez me donner ce texte?". Alors il revient à sa table, et fait semblant d'étudier. Et lors de son passage, il raconte toutes les histoires qu'il a entendu depuis sa naissance, entre son père, Luis Sepulveda et leurs amis. Le prof est ébahi, il lui demande comment il sait tout ça. Et là, au lieu de répondre "Sepulveda est mon parrain" il dit "j'adore la littérature"...
Mordzinski a beaucoup photographier les écrivains, ceux d'Amérique du Sud, en commençant par Borges (il était jeune et impressionné), ceux d'Espagne, les Français aussi, car il travaille à Paris, et quelques africains.

On a demandé comment la littérature était venue à Luis Sepulveda. En fait chez lui il n'y avait pas de bibliothèque, il avait une étagère où des livres d'aventures étaient alignés. Et lui les lisait et les relisait. Et puis il jouait au football, n°11 et il était bon, très bon même. Il aurait du devenir footballeur. Mais un jour, où il attendait l'heure de l'entraînement, il a vu un camion arriver, avec de nouveaux voisins. Il a demandé s'il pouvait les aider à décharger le camion, et c'est alors qu'il a vu la plus jolie fille de toute sa vie. Alors il a quasiment déchargé le camion tout seul tellement il voulait lui montrer ses capacités. Puis la maman a dit à la fillette "je vois que tu as un ami, tu pourrais l'inviter à ton anniversaire", alors toute la semaine il a cherché ce qu'il pourrait lui offrir. Un livre, un disque? mais il ne connaissait pas ses goûts. Des chocolats? mais si elle n'aimait pas les chocolats. Bref l'angoisse. Alors le jour J, il lui a donné son cadeau, et elle l'a posé avec d'autres. Il a insisté pour qu'elle l'ouvre, mais elle lui a dit qu'elle préférait être seule pour ouvrir ses cadeaux. Mais il a insisté. Alors elle a ouvert, et a sorti une photo avec un air un peu dégoûté comme si elle tirait une souris par la queue. Elle l'a reposé. Il lui a dit "tu as vu ce que c'était?" "oui, une photo" Elle n'avait pas compris: c'était LA photo. La photo de tous les joueurs de l'équipe nationale, qu'ils avaient tous signé. Il avait patienté des semaines avant d'obtenir toutes les signatures, et il avait offert à la fille son trésor. Elle lui a dit "j'aime pas le foot" alors il lui a dit "et qu'est ce que tu aimes alors?" Elle a dit "j'aime la poésie"
Là il a pensé que vraiment avec cette fille il ne se passerait rien. Et puis il a lu des poèmes, et ça lui a plu, et il en a écrit aussi. Voilà comment tout a commencé. Mais le Chili a perdu un grand numéro 11.

C'était donc une très bonne soirée, et pendant que certains grignotaient au buffet, les autres ont patiemment fait la queue devant les auteurs afin d'obtenir une signature. Pour ceux qui n'avaient pas pensé à apporter leurs ouvrages, la Librairie Caractères était présente!


Luis Sepulveda & Daniel Mordzinsky par Chroniques-du-Moun

isa du moun: texte, photos floues et vidéos tremblotantes.


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