Le drapeau noir de l’aficion torista flotte sur la marmite dacquoise.

Arènes de Dax: Corrida du 12 août 2012 6 vrais toros d’Escolar Gil (le second sera remplacé par un exemplaire du même fer après s’être cassé la corne contre un burladero)
Fernando Robleño (vuelta, grande ovation)
Javier Castaño (sifflets, oreille)
Alberto Lamelas (oreille, deux oreilles) sorti en triomphe par la grande porte en compagnie du ganadero.
Lleno, même le soleil est présent.

Très attendue après la corrida de Mont de Marsan, cette corrida a enthousiasmé les spectateurs présents. J’avais quelques craintes sur la capacité du public dacquois à adhérer à ce type de tauromachie.
J’avais mis ma tenue de camouflage, tout de blanc vêtu, pour passer incognito.
La rééducation du public a été rapide , quelques sifflets déplacés qui ont failli interrompre la très justifiée vuelta de Robleno à son premier , une incompréhension de l’impossibilité de toréer le manso sorti en sobrero qui a obligé Castano à abréger la faena .Et puis les vertus thérapeutiques de la présence de vrais toros et de vrais toreros en piste ont fait leur effet .Une petite rechute avec la vuelta non justifiable accordée au cinquième et puis le courage d’Aguilar se jetant dans le berceau démesuré du 6ème et la guérison semble totale .
A retenir, l’heureuse généralisation de la présence d’ un seul cavalier en piste, cela permet une meilleure réalisation du tercio de varas.
Attention toutefois au phénomène de rechute sous l’influence du virus G10 et à ses agents propagateurs, El Juli, Perera, Ponce et autre grand gourou nîmois de l’affairisme taurin et aficionado médiocre qui méprise par ses gestes et ses propos ceux qui payent leur place.

Le lot envoyé par Don Escolar Gil est bien présenté (en particulier les armures), sans surpoids inutile. Certains ont manqué de fond, d’autres de bravoure mais tous ont contribué à rendre intéressant cette course.
Robleño a hérité du moins bon lot. Le premier s’est peu livré au tercio de piques et est arrivé avec une corne droite style missile à tête chercheuse .Ce type de toro convient bien à Robleño. Il lui sert des séries courtes mais autoritaires en s’exposant. Après un essai infructueux à gauche, le torero n’insiste pas et finit sa faena par des séries de derechazos. Il s’engage pour une épée entière légèrement en avant. Le public est encore froid, et le torero doit se contenter d’une vuelta ; Quelques sifflets venant de cellules résistantes au traitement, le torero fait mine d’arrêter le tour de piste et le reprend sur l’insistance de la grande majorité du public.
Le quatrième a un comportement sournois dès son entrée en piste. Il démarre à contretemps que ce soit à la cape ou face au piquero. Après une bonne première pique, il ne pousse pas sous la seconde. Le torero doit arracher chaque passe, les unes après les autres. Cette tauromachie à besoin d’un toro agressif pour prendre du relief. Hélas très vite l’Escolar Gil va à menos, charge avec parcimonie. Le matador fétiche de l’aficion Sud Ouestienne reçoit une très chaleureuse ovation au centre du ruedo après une épée moyenne mais efficace.

Javier Castaño a une très bonne cuadrilla ; Hier ont été applaudis le banderillero Adalid, le picador Tito Sandoval et ovationné le très jeune Alberto Sandoval, neveu et élève du précédent, promis à un bel avenir de piquero.
Le second toro se casse la corne, il est remplacé. Dommage car il avait superbement poussé sur une première pique avant de taper malencontreusement contre un burladero.
Le sobrero est un toro avec du caractère. Il est très vite très compliqué à droite comme à gauche , cherchant systématiquement l’homme derrière la muleta . Javier Castaño n’est pas un bagarreur de l’extrême comme Robleño, il interrompt rapidement sa faena, et on peut le comprendre. Cette fin rapide et une vilaine estocade déclenche l’ire du public. On peut l’admettre, mais rien ne justifiait les applaudissements qui ont accompagné l’arrastre.
Le cinquième est un joli cardeno veleto. Très bien mis en suerte et très bien piqué par Sandoval le jeune, il pousse avec force lors des deux premières rencontres. La troisième, al regaton, est plus compliquée, placé loin du picador, il ne charge pas. Il ne viendra qu’après avoir été rapproché presque à la limite du cercle intérieur. Le cavalier est ovationné et doit saluer.
Le toro est très noble, vient sur tous les sites. Il manque de force et répond aux sollicitations de Javier Castaño en marchant. Le torero insiste trop et la faena perd en intérêt et en émotion .Les dernières passes sont en trop. Une bonne épée en conclusion, et une oreille est accordée. Le mouchoir bleu est de sortie, il est comme les dernières passes de trop ,au regard de la troisième pique avortée et de la faiblesse du toro.

Ce 12 août est un grand jour pour Alberto Aguilar. Tout commence par un sorteo favorable qui lui fait toucher le lot le plus propice au succès.
Le troisième bicho, le plus léger en apparence du lot, est très mal piqué. Il pose problème aux banderilleros car il se défend sur place .Bien doublé en début de faena, il va se révéler noble surtout à droite. Aguilar profite de cette bonne corne pour en tirer des séries de passes allurées, sincères et surtout croisées, ce qui est rare de nos jours. L’estocade est mal placée, mais rapide d’effet ce qui permet au matador de recevoir une oreille chaleureusement fêtée.
Le dernier pensionnaire de la ganaderia est un toro de presque 6 ans ; Il est léger mais surtout superbement armé (près d’un mètre d’envergure). Il se reprend très bien après trois piques carioquées. Sa caste et le danger qu’il représente donne de l’émotion à l’excellent travail réalisé à la muleta par le torero. Vu l’envergure des cornes, deux possibilités sont offertes au matador ; prendre le périphérique ou bien se jeter avec courage sur le frontal en étant bousculé. C’est la deuxième option que choisit Aguilar pour une grandiose estocade. L’émotion est à son comble quand la corne passe près du corps du torero jeté au sol. Deux oreilles viennent récompenser le courage, la sincérité et la qualité. Une vuelta à ce toro aurait été plus justifiée que celle donnée au cinquième.

Robleño et Castaño quittent les arènes ovationnés par le public debout. Aguilar quitte les arènes par la grande porte porté en triomphe .Il est accompagné par l’éleveur, c’est discutable si on veut rester puriste. Mais à Ceret, Mont de Marsan et maintenant à Dax cet élevage a tellement contribué au retour de la vraie tauromachie dans nos ruedos qu’on peut oublier le rigorisme pour se laisser aller au plaisir de l’authenticité retrouvée.

Prochaine séance de thérapie pour Dax, la corrida du 15 août, corrida torista avec un public venu aux arènes surtout pour entendre l’Agur. Je serai à Roquefort, mais compte sur les toros de Baltasar Iban pour continuer à dérouler avec rigueur et efficacité le protocole de soins.

Ennui sur les gradins.

Arènes de Dax: Novillada matinale du 12 août 2012
6 novillos de José Cruz (le second boiteux sera remplacé par un exemplaire du même fer) cassé la
Cayetano Ortiz (silence, silence)
Juan Leal (oreille, oreille)
Gonzalo Caballero (oreille, deux oreilles) sorti en triomphe par la grande porte en compagnie du ganadero.
Arènes à moitié pleines.
Blessure de Juan Carlos Garcia en banderillant le cinquième.

Très bien sortis en non piquée lors du bolsin de Bougue, les novillos de José Cruz ont déçu lors de cette novillada matinale.
Bien présentés, mieux que les Jandilla de la veille, ils ont manqué de bravoure et de force. Peu piqués, ils sont arrivés quasi parados au troisième tercio , se défendant sur place, ne chargeant que sur la défensive.
Ajoutez à cela, une terna de novilleros qui manquent soit de technique, de volonté ou de sincérité, et vous comprendrez pourquoi on s’est ennuyé ferme sur les gradins.

Le premier adversaire de Cayetano Ortiz, aux cornes abimées, est noble. Il charge sans malice et le jeune biterrois le torée superficiellement sans conviction. Une mise à mort en deux temps et silence du public.
Le quatrième est le plus sérieux du lot. Manso, il sort par trois fois seul de la pique sans s’y être employé. C’est un manso avec un tout petit peu de caste, Ortiz le travaille du bout des doigts et laisse se décomposer le novillo sans en tirer grand-chose .Silence après une mise à mort longuette …

Juan Leal est le leader de l’escalafon français. Il ne progresse pas et reproduit d’une course à l’autre les mêmes faenas. Il a des qualités certaines, mais les gaspille en ne se croisant pas et en privilégiant des numéros de porfia en fin de travail. Il a besoin de sortir de son environnement actuel pour évoluer avant de prendre l’alternative, sinon il rejoindra le monton des anciens de l’école taurine arlésienne.
Son premier en début de faena est noble, avec un peu de piquant. Il ira à menos .Une bonne épée nécessite deux descabellos pour tomber le novillo. Le président cède à une petite pétition et accorde une oreille.
Lors de la faena du cinquième, le torero est rappelé à l’ordre par une partie du public. Pour la première fois, il donne deux passes croisées à un toro soso sans grand intérêt. Le reste est fait pour s’assurer les faveurs du public. Cela marche puisqu’un trophée est accordé après une estocade entière.

Le troisième « José Cruz » est mal piqué. Il sera toréé sans conviction par Gonzalo Caballero et se décomposera petit à petit en l’absence d’une vraie faena. Une épée plate après un pinchazo est nécessaire pour faire tomber le novillo (le public somnole en silence).
Au dernier de la matinée, même scénario et même ennui, le côté un peu suffisant du jeune novillero finit par énerver le public.

La sortie en triomphe par la porte de l’arrastre de Juan Leal est contestée par une partie du public. Novillada à oublier, prochain rendez vous novilleril à Roquefort, en espérant que les Fidel San Roman seront à la hauteur du lot de l’année dernière .

Thierry


Mettre un système de commentaires sur son site