TOROS A ORTHEZ

Le tercio de varas remis à l’honneur

Arènes d’Orthez, samedi 21 juillet 2012
6 toros d’Antonio José Da Veiga Teixeira
Fernando Robleño (vuelta, applaudissements)
Paulita (silence, silence)
Serafin Marin (oreille, silence)
Trois quart d’arènes .
Photos visibles ici.

Depuis une semaine, le débarquement des toros faisait le « buzz » sur internet. L’éleveur portugais a sélectionné pour Orthez une corrida extraordinaire de présentation . Tous les toros ont été ovationnés à leur entrée en piste pour leur trapio et leurs armures à perturber le sommeil d’un torero.
Les organisateurs ont tout fait pour revaloriser le tercio de piques. Ils ont fait appel à une bonne cuadra de caballos navarraise, les toreros ont joué le jeu en soignant les mises en suerte. Les toros ont été systématiquement placés loin du cheval pour tester leur bravoure .On pourra épiloguer sur la dureté de certaines piques qui ont influencé le comportement des trois derniers toros.
Il restera dans les mémoires des aficionados présents les poussées et les chevaux soulevés par des toros puissants. Les toros (à l’exception du premier) et surtout les trois derniers ont baissé de ton au troisième de tiers plus par manque de caste et de moral que par manque de force.

Autour des arènes depuis le matin on ne parlait que de Céret et Fernando Robleño. Le torero est ovationné à l’issue du paseo. Son premier adversaire est un monument de toro. Superbe de présentation, il déborde de caste et d’agressivité. Portant à bout de cornes, picador et cheval il prend quatre piques. Les peones paniqués sont en déroute lors du tercio de banderilles.
Au troisième tiers, nous assistons à un vrai combat entre deux « machos ». Robleño avec courage et technique impose son toréo au Teixeira par des séries de derechazos parfois templés. A gauche le toro est très compliqué
Le danger est présent à chaque instant de la faena et l’émotion et l’angoisse se lit sur le visage des spectateurs. Une demie, une estocade mal placé et un descabello prive le torero de trophée La vuelta du torero est extrêmement chaleureuse. L’arrastre est ovationné.
Le moment que nous venons de vivre justifie à lui seul le déplacement. Le quatrième est un toro noble, mais faible. Il pousse bien sous la première pique, moins lors des deux suivantes. Robleño a besoin d’un vrai adversaire pour mettre en évidence sa technique et son courage . Deux pinchazos précèdent une très belle estocade. Le torero revient aux tablas applaudis par le public qui lui fixe rendez vous dimanche au Plumaçon face aux Escolar Gil.

Paulita est un torero modeste. Il a le courage (et l’obligation) de se mettre devant de vrais toros. Il touchera le lot le plus faible, le premier permettant toutefois une faena intéressante. A chaque fois, il alternera quelques passes méritoires avec un toreo manquant d’engagement. Ses deux adversaires iront à menos. Les mises à mort sont approximatives .Applaudissements après le premier, silence après le second.

Serafin Marin est pour moi la bonne surprise du jour. C’est lui aussi un torero modeste, mais il fait preuve à Orthez d’un grand professionnalisme, gérant tous les tercios, faisant se replacer si nécessaire les piqueros. Son premier toro sera très bien piqué partant de loin et poussant sous le fer. Il sera noble dans un bon début de faena .marqué par de bonnes séries à droite et à gauche. La suite et la fin sera plus démagogique .Pinchazo, puis une bonne estocade, le palco accorde une oreille quelque peu contestée.
Le sixième ne permettait pas grand chose. Il s’est totalement éteint après un bon tercio de piques. Il finira parado et sera mal tué.

A l’issue de la course, le prix du meilleur piquero est remis à un des piqueros du torero catalan. Et moment « émouvant » les 6 picadors sont invités à saluer en piste.
Dommage que la course se finisse sur deux toros très vite parados.
Tout n’a pas été parfait et c’est le lot normal d’une corrida torista. Certains se sont posé des questions sur la dureté des piques. Elles ont été dures, mais les toros ont rechargé pour pousser avec force. Le premier a été exceptionnel du début à la fin de sa présence en piste .Les deux suivants ont donné du jeu en début de faena puis comme les trois derniers ont manqué de moral pour aller jusqu’au bout . Seul le premier a été un vrai manso con casta, les suivants ont été des braves, manquant de noblesse ou de genio .Il n’empêche qu’ils ont toujours été dangereux .Si tous les toros avaient été du niveau du premier on aurait parlé de corrida du siècle. Nous avons retrouvé cette journée ce qu’est la tauromachie « authentique » faite de sauvagerie, de combat, de peur, de technique et d’art.
Une mention spéciale pour un homme petit par la taille mais immense par le courage et le talent, Fernando Robleño est sous lancée de son triomphe cérétan.
Espérons que les directeurs d’arènes se rappelleront qu’il peut être lui aussi taquillero.

 

Le retour à la vraie tauromachie

Arènes d’Orthez, samedi 21 juillet 2012
5 novillos de Fernando Palha
Imanol Sanchez (silence, vuelta)
Yvan Abasolo (vuelta, oreille, oreille)
Une moitié d’arènes .
Photos visibles ici.

Dans Jean de Florette, Hugolin veut cultiver de l’authentique. Les orthéziens se sont fixés le même objectif ; Après la corrida spectacle du vendredi à Mont de Marsan, nous avons retrouvé la corrida vraie, basée sur des novillos de respect et avec de jeunes toreros produits de leur expérience et non sortis du moule stéréotypé d’une école taurine.
Eric Lesparre aurait parlé des robes originales caractéristiques des novillos de Fernando Palha. Beaux et, bien présentés, ils le sont, mais ils ont surtout une caste et une résistance qui mettent en évidence les qualités et surtout le courage des toreros qui leur sont opposés.
Les novillos ont pris un total de 14 piques prises en partant de loin et en poussant sous le fer.même si les piqueros n’ont pas toujours été à la hauteur des qualités du bétail .

Le premier toro échoit à Imanol Sanchez. Il sera le seul à ne prendre que deux piques, il est vrai tous les eux carioquées. Il est gazapon dès le premier tercio. .Il est difficile à mettre en place pour le tercio de banderilles et la multiplication des capotazos va lui donner un coup de tète qui gênera le jeune torero en début de faena. Formé dans une école taurine, il n’en a pas les défauts et il ne baisse pas les bras, n’est pas pegapasses . Le saragossais se joue la vie mais a du mal à trouver le sitio et la bonne distance pour s’imposer au toro. Il s’engage lors de la suerte suprême, mais il manque de réussite. A une mete y saca succède un pinchazo et une estocade de côté. L’agonie du novillo est longue. Silence respectueux avec quelques applaudissements
Son second adversaire se montre brave en trois rencontres .Il est noble, un peu faible et domine le jeune torero qui a toujours des difficultés à trouver la distance, Il a encore beaucoup à appendre et c’est normal. L’estocade est cette fois efficace et permet au joven de faire une vuelta, récompensant son courage.
Le jeune torero a banderillé ses deux adversaires avec beaucoup de talent. Sa paire al violin à son second sera récompensée par le prix du geste taurine du jour.

Yvan Abasolo est un torero atypique. Il est autodidacte comme l’étaient « autrefois » les novilleros
Il fait des fautes de jeunesse qui lui vaudront d’être sévèrement accroché, mais il ne se contente pas de faire des passes, il torée. Ses faenas sont bien construites et ne comportent pas une passe de trop. Il a en plus une personnalité très forte. Il sera, je pense, un des toreros à suivre dans les mois à venir. Son premier toro demande d’être fortement sollicité pour passer, il y ira à menos. La faena, à l’ancienne, manquera de ce fait de transmission et le basque devra se contenter d’une vuelta.
Le quatrième novillo pousse bien en trois rencontres malgré un picador déficient. La faena est intelligente, appliquée et courageuse. Les doblones du début sont à la fois élégants et efficaces.
Le torero est sévèrement accroché, on craint la cornada. Dépenaillé il revient au combat et s’arrime. Le combat est vrai et prenant .Une oreille sera accordée malgré une estocade moyenne.

Le sobrero n’ayant pas été utilisé, c’est Yvan Abasolo qui gagne le droit de le toréer et de le tuer. Plus léger que ses congénères, il est lui aussi brave sous le fer et d’une noblesse piquante à la muleta. Malgré la fatigue et les coups reçus, le novillero s’investit dans une faena courte mais technique.
La caste du Palha contribue à donner de l’émotion Et c’est tout naturellement qu’une oreille est accordée malgré une fois encore une épée moyenne. Le jeune basque associe, et c’est pour une fois juste et légitime, le mayoral à sa vuelta.
A noter, la qualité de la brega, assurée par des cuadrillas omniprésentes pour aider les jeunes toreros.

Le picador d’Imanol Sanchez reçoit le prix pour son travail au troisième toro, le prix aurait pu rester Desertio
Au Plumaçon, le public est sorti déçu de la novillada, à Orthez le public est sorti très content des arènes après avoir vu un excellent lot de novillos et deux jeunes toreros qui ont compensé leur manque d’expérience par un courage à toute épreuve.
Mention spéciale au basque Yvan Abasolo, que je reverrai avec plaisir.

Thierry


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