La dernière de Julien et Nathalie


Photo Romain Tastet, tous droits réservés. D'autres photos ici.

Arènes deMimizan: Corrida des fêtes du 25 août 2012
Compétition Toros de France
6 toros ou novillos de Camino de Santiago (le 4ème remplacé par un exemplaire du même fer)
Julien Lescarret (applaudissements, silence )
Thomas Dufau (oreille, oreille)
Juan del Alamo (oreille, oreille)
¾ d’arènes

J’hésite à écrire novillos ou toros car l’ensemble du bétail présenté ce jour est affiché né en septembre 2008. Quelle que soit la méthode de calcul, je tombe sur le même résultat, il manque un mois pour en faire quarante huit, et plus pour faire cinq herbes. On peut penser qu’un mois, ce n’est pas grave, mais cela manque de sérieux dans le cadre d’une compétition voulant promouvoir l’élevage français et dans une arène qui cherche à exister contre vents et marées.
Des organisateurs qui font fie des règles, et adoptent des pratiques d’arènes balnéaires ont tué la corrida au Grau du Roi et aux Saintes Maries. Ces expériences malheureuses devraient faire réfléchir les organisateurs mimizannais.

Le lot envoyé par Jean Louis Darré était bien présenté, mais probablement trop lourd (promedio approximatif 530 Kg) pour des Domecq à juste moins de quatre ans. Certaines armures étaient déjà abimées à la sortie du toril. En général juste de forces, ils ont pris deux piques souvent symboliques.
Seul sort du lot, le 6ème que j’aurai aimé voir avec 70 kg de moins et quelques mois de plus.

Julien Lescarret faisait en ce jour ses adieux landais. Il a manqué de chance au sorteo, héritant du plus mauvais lot. Son premier est bien banderillé par Morenito d’Arles et Manolito de Los Reyes. Le toro est faible, tardo. Julien doit lui arracher les passes. Le torero se fait accroché la muleta à chaque passe. Au moment de passer à gauche, le toro est éteint et ne répond plus. Un pinchazo précède une demie horizontale et deux descabellos, quelques applaudissements de sympathie raccompagnent le torero de Pissos au burladero.

En quatrième sort un joli colorado , il sera sauté par le recortador Eric Pascal (grande ovation méritée) .Très vite le Camino de Santiago va se révéler impotent et probablement mal voyant. Devuelto, il sera puntillé avec efficacité, et c’est probablement le meilleur geste technique de la course, depuis le burladero par Manolo de Los Reyes.
Son remplaçant est victime d’une panne de moteur après une pique anodine. Il ne charge plus, se défend sur place et Julien doit l’estoquer quasi sans faena . L’arrastre est sifflée.

Le second échoit à Thomas Dufau. C’est un gros toro bien armé. Le principe de Toros de France est de mettre en évidence la qualité du bétail français en particulier face au piquero. Ce n’est pas la préoccupation majeure du torero landais. Il ne met pas le toro en suerte, fait donner une pique « traditionnelle », demande le changement, refusé à juste titre par le président. La seconde rencontre se limite à un picotazo « à la va vite » Le toro est en surpoids, il manque de dynamisme, mais sa noblesse laisse entrevoir des possibilités. Comme souvent cette saison, Thomas reste très superficiel, jouant sur sa popularité locale. La faena manque de lien et de profondeur et n’exploite pas les possibilités offertes par le bicho. Une entière de côté, dont le résultat fait penser au fameux Julipié, font tomber le toro et une oreille du palco.

Le cinquième sort escobillado et faiblard. Il est économisé dans deux rencontres qui vaudront à Jacques Monnier le prix du meilleur picador (sic ????????). Le tercio est assuré par le torero lui-même. Le résultat est celui que l’on peut attendre d’un banderillero épisodique : deux paires moyennes précédant une pose Al Violin. Le toro semble s’être repris en début de faena, il va hélas aller très vite à menos. La faena uniquement droitière, va ressembler à la précédente . Portant sur le public, elles permettront au torero landais de couper une oreille malgré une mise à mort en deux temps et un toro qui tarde à tomber..

J’avais gardé de Juan Del Alamo, le souvenir d’un novillero talentueux mais qui manquait parfois de lucidité par la faute d’une nervosité mal contrôlée. Il a réalisé ce jour les deux meilleures faenas. Malgré quelques muletas accrochées et une spectaculaire cogida au dernier, il va se croiser, chargeant la suerte pour donner d’excellentes naturelles. Son premier adversaire qui deviendra très vite tardo et avisé, le début de faena est poussif. Mis en confiance, Del Alamo va ouvrir le compas et les passes qui suivent prennent une autre dimension.Il obtiendra une oreille après une estocade moyennement placée mais portée avec sincérité.

Il a fallu attendre le dernier pour voir les meilleurs moments de la course ; Le Darré pousse bien sous la première pique, mais s’endort sous la seconde . Il est noble et encasté . La faena reste un peu en dessous des possibilités offertes, mais est valeureuse. Le torero se croisant de plus en plus, les naturelles m’arrachent les premiers olé de l’après-midi. Une mise à mort en trois temps (deux pinchazos, une estocade entière) n’empêche pas l’obtention d’une oreille.

En résumé, un bétail manquant de force, un Dufau en roue libre et un intéressant Juan del Alamo, jeune torero à suivre.
Si cette course était la dernière dans les Landes de Julien Lescarret, elle était aussi la dernière de la cuadra de caballos « El Pimpi », bonne chance à Nathalie Vallejo dans sa nouvelle activité.
L’autre fait marquant de l’après-midi est la présence d’un groupe d’une centaine d’antis, orchestré au mégaphone par un des leurs leaders « traditionnels ». Malgré le ton haineux et les propos « limites orduriers» proférés à l’encontre des aficionados quittant les arènes, aucune réaction des forces de l’ordre qui ont fait preuve en ce jour d’une grande incompétence et d’un laxisme inquiétant.
Doit-on attendre un incident grave à Mimizan avant de prendre de vraies mesures permettant à chacun de s’exprimer dans le respect . Les mairies de Ceret ou Magescq pourraient donner quelques conseils aux élus mimizannais.

Thierry


Mettre un système de commentaires sur son site