Une
corrida concours décevante.
Arènes
de Vic Fezensac: Corrida concours de ganaderias françaises, 10 août
2012
Toros d’Hubert Yonnet, Fernay, Gallon, Blohorn, Jalabert, L’Astarac
Javier Sanchez Vara (salut au tiers protesté, vuelta)
Raul Velasco (bronca, bronca)
Alberto Lamelas (silence, vuelta)
4/10èmes d’arènes
Il faisait
très chaud en arrivant sur Vic, et heureusement, le maintenant traditionnel concours
de ganaderias françaises était programmé à 21h30. Ce n’est pas l’éclairage
artificiel qui est responsable du résultat médiocre de cette soirée,
mais plutôt un lot de toros bien présentés mais manquant pour la plupart
de bravoure et de force.
Le premier
a entré en piste est un pensionnaire de La Belugo. Le Yonnet
a du mal à se fixer, il fera son devoir lors d’une première pique.
Il ne poussera pas sous les deux suivantes données par un picador
qui ne semblait pas être au courant qu’il y a corrida concours ce
vendredi à Vic. Il arrive à la muleta avec une charge désordonnée.
Il a un fond de noblesse que n’exploite pas Sanchez Vara. La
faena est décousue, la muleta est retirée trop vite ce qui ne permet
pas de mettre en évidence les qualités de l’animal. L’estocade résulte
basse (un vrai bajonazo) .L’arrastre est applaudie, le salut au tiers
du torero est fort justement contesté par la frange aficionada du
public.
Le second
est un bel exemplaire de la ganaderia Fernay .Il est très mal
mis en suerte et piquée par une cuadrilla et un maestro débordés.
Il se comporte en manso, poussant peu et sortant seul des rencontres.
Il débute le troisième tercio en donnant des coups de tête en milieu
de passes. Arturo Saldivar comme à son habitude, lui sert une
faena décousue, sans lien. Il égrène des passes sans faire une vraie
lidia pesant sur le toro. Le seul avantage de cette non faena, c’est
qu’elle repose le Fernay qui finit plus fort la faena qu’il ne l’a
commencée, ce qui décontenance encore plus le mexicain. Un abominable
bajonazo déclenche une bronca pour le matador. Il y a division d’opinions
pour l’arrastre
Le troisième
est un gros novillo de Gallon. Entre en piste, applaudi par le public
en souvenir de sa prestation de l’an dernier, pour le piquer, Gabin
Rehabi, on va alors assister à un simulacre de tercio de piques ;
Dans le Sud Est, on appelle cela une charlottade, pour moi il s’agit
de tauromachie Canada Dry. Le toro est placé à une distance correcte,
le picador, tel un banderillero, s’agite, fait du cinéma quand le
toro est loin, dès qu’il s’approche le cheval est placé de travers.
A peine le toro touché, la pique est relevée, le Fernay s’appuie
sans pousser sur le peto et sort seul.
Ce n’est pas de la corrida, c’est du pipeau. A l’issue de cette mascarade,
on a un toro qui après 4 rencontres ne saigne même pas, qui n’a jamais
poussé sous le fer et un public qui exulte en ovationnant un picador
qui n’a pas piqué, cherchez l’erreur !!!!!!!
Heureusement
que très vite, l’enthousiasme retombe. Le Gallon est un manso, faiblissime
qui dès la troisième passe s’arrête de charger malgré les louables
efforts de Tomasito. Le « spectacle » tourne court, quelques
applaudissements pour l’arlésien et bronca pour l’arrastre.
Nous
sommes à mi-chemin du concours sans avoir rien vu de notable.
Le quatrième est un solide toro de Bruno Blohorn, commode d’armure.
Dans la continuité de la Gabinade, le piquero au service de Sanchez
Vara, nous sert un nouvelle rasade de piques Canada Dry, allant même
jusqu’à se ridiculiser en se faisant désarçonner lors d’une 4ème rencontre
al regaton, Tiens une nouvelle mode ! !!! Le regaton , qu’il vaudrait
mieux remplacer par la pique de tienta, , ne doit être utilisée que
pour économiser un toro bravissime qui a beaucoup poussé sous les
trois ou quatre premières piques et non dans un but démagogique.
Autant
la transformation du premier tiers en spectacle équestre n’a pas eu
d’importance vue l’indigence du toro de Gallon, pour le Blohorn, elle
nous a privé de la possibilité d’évaluer les qualités d’un toro qui
semblait avoir un certain fond de bravoure.
Heureusement
Sanchez Vara a décidé de s’appliquer et le début de faena est
faîte, dans l’esprit corrida concours, pour mettre en évidence le
toro. Celui-ci, malgré une faiblesse de l’arrière train, charge avec
noblesse et est pour l’instant le plus intéressant du lot.
Les derechazos et les naturelles sont donnés avec application et une
certaine honnêteté.
Le handicap du toro le fait aller à menos, ce dont profite le torero
pour aller chercher le succès par un toreo moins sincère mais plus
spectaculaire .Un entière en arrière et deux descabellos limitent
le succès à une vuelta méritée. L’arrastre est applaudie.
Que
vient faire Arturo Saldivar dans ce type de course. Il était
passé à côté de deux bons Baltasar Iban à la Brède, il a récidivé
en gâchant un excellent toro des Frères Jalabert. Tout avait
pourtant bien commencé, avec un vrai tercio de piques (Oscar Bernal)
donné avec sobriété en tenant avec fermeté un toro qui poussait vraiment
avec bravoure en trois rencontres (pourquoi pas une quatrième avec
la pique de tienta ou au pire le regaton) .
Une partie du public a sifflé, ce sont probablement les mêmes qui
n’ont pas vu l’excellent travail de piquero réalisé à Mont de Marsan
au cinquième toro d’Escolar Gil. Les aficionados ont eux applaudi.
Le toro est noble, encasté, prêt à en découdre. Livide, le torero
mexicain recommence à distiller au compte-gouttes des passes prudentes.
Le toro attendant une vraie lidia, finit par s’ennuyer en piste, nous
aussi sur les gradins. Les aficionados conscients des qualités non
exploitées du camarguais finissent par gronder. Le toro se couche
après une immonde mete y saca donnée en prenant les boulevards extérieurs.
Bronca au torero, l’arrastre est ovationnée.
Les
gersois sont chauvins, ils attendaient avec impatience la sortie du
pensionnaire de L’Astarac. Agé de 5 ans et demi, c’est un gros
toro costaud. Son physique rappelle l’exemplaire de la course de l’an
dernier, son comportement hélas aussi .C’est un manso sans caste qui
s’allumera un peu sous la pique de l’excellent Jacques Monnier.
Ce picador, que j’ai souvent critiqué, nous a donné une leçon en châtiant
avec efficacité et sincérité un toro couard .Une partie du public,
n’a pas compris, les aficionados eux ont ovationné le gardois.
Le toro est manso, il s’arrête en cours de passe, mettant en danger
à plusieurs reprises Tomasito. Celui-ci s’accroche avec beaucoup de
courage et de sincérité. Il tire tout ce qu’il est possible de tirer
de son adversaire, un peu à la manière d’un certain Fernando R……. ;
Il conclue sa faena par une superbe estocade qui aurait valu à elle
seule une oreille que le public ne demandera pas. La vuelta du torero
est très chaleureusement applaudie. Le toro est sifflé, sauf par quelques
chauvins ou incultes.
Le prix
au meilleur toro est déclaré desertio, avec une vrai lidia le Jalabert
aurait pu y prétendre. Le prix au meilleur piquero (en fait au meilleur
cavalier) est accordé à Gabin Rehabi, heureusement que le ridicule
ne tue plus.
En résumé
,une course décevante ,beaucoup moins d’aficion et de sérieux dans
le public que pour la concours de Pentecôte , bref Vic nous doit un
desquite l’an prochain...
Seuls points à retenir, le professionnalisme de Oscar Bernal et Jacques
Monnier, un bon toro des frères Jalabert et le courage et l’engagement
de l’arlésien Tomasito.
Thierry
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